L’application émirati ToTok avait été banni des magasins d’application après que le New York Times a révélé ses liens avec le gouvernement des Émirats arabes unis. Elle a tenté un retour sur le Google Play Store. Raté : en plus d’être ignorée par les utilisateurs, elle a rapidement été bannie du store.

C’est un comeback doublement raté pour l’application de messagerie ToTok. Non seulement presque personne ne l’a téléchargée sur le Google Play Store, mais elle a ensuite été retirée sans explication par Google. L’application de messagerie, créée par une entreprise émiratie, avait déjà été bannie du Google Play Store et de l’App Store en décembre 2019, à la suite d’une enquête du New York Times. Les journalistes américains avaient révélé que les données collectées par l’app permettaient au gouvernement des Émirats arabes unis d’espionner les utilisateurs. Les deux géants de la tech avaient ouvert des enquêtes techniques de leur côté, et banni ToTok par principe de précaution.

Rien que sur Google Play, l’application avait pourtant enregistré plus de 10 millions de téléchargements. Elle avait des utilisateurs au Moyen-Orient, mais aussi en Amérique du Nord et en Europe.

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L’interface de ToTok s’inspire très fortement de celle de WhatsApp. // Source : Capture d’écran sur le site officiel de ToTok

Hors du top 1 750 de sa catégorie

Ses développeurs avaient réfuté les accusations et affirmé qu’ils reviendraient… ce qu’ils ont fait, uniquement sur le Google Play Store, dès début janvier. En revanche, ils sont restés si bas dans le classement de popularité du magasin d’app — même aux Émirats arabes unis — qu’ils n’ont pas été repérés. TechCrunch note que ToTok n’apparaissait pas sur le radar du site App Annie, qui suit pourtant toutes les applications du top 1 750 des téléchargements de chaque catégorie.

Ensuite, le 14 février, Google a retiré l’application du Store, sans donner plus de renseignements. Google a affirmé à Tech Crunch que la décision de ce retrait venait d’eux-mêmes, et non d’une demande externe. L’article du New York Times citait des sources au sein des services de renseignement américain, qui aurait pu faire cette demande. Le rapport expliquait que ToTok, au fonctionnement très proche de WhatsApp, traquait « chaque conversation, mouvement, lien, rendez-vous, son et image », de quoi justifier des enjeux de sécurité nationale.

Google n’a même pas pris la peine de justifier le retrait

La première fois que Google avait retiré l’application, elle l’avait justifié par la violation des conditions d’utilisation de Google Play. Cette fois, le géant de la tech n’a même pas donné de raison. ToTok espérait pourtant convaincre avec sa nouvelle fenêtre de dialogue qui demande aux utilisateurs leur consentement avant d’accéder à leur liste de contacts, repéré par Vice.

Les deux cofondateurs ont critiqué cette décision dans un billet de blog publié sur leur site : « le retrait soudain de notre application sur les deux magasins, en l’absence de preuve, expose clairement l’absence d’impartialité et d’équité de la part d’Apple et Google envers leur communauté de développeurs et leurs clients. » Afin d’appuyer leurs propos, ils citent les normes de chiffrement qu’ils appliquent, et ajoutent :  « Pour prouver notre innocence, sur ses dernières semaines, nous avons mis d’immense efforts pour garantir notre conformité aux politiques d’Apple et Google, et nous sommes convaincu de l’être d’un point de vue technique et contractuel. »

Puisque Android laisse à ses utilisateurs une grande liberté dans leurs choix, ToTok est toujours téléchargeable via d’autres magasins d’application, ou par téléchargement direct d’une APK depuis leur site. Mais avez-vous vraiment besoin d’un pseudo WhatsApp qui vous espionne très probablement ?


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